Voilà, l’aventure colombienne touche à sa fin. Sept mois après avoir foulé les terres parfumées de l’arôme des arepas, que rythme l’accordéon, dans lesquelles résonne parfois le chant des bombes, je reprends mon envol vers la France.
Les paysages remarquables qui façonnent la Colombie resteront gravés à jamais dans ma mémoire. Mais ce sont surtout des visages et des histoires qui demeureront. Je ne remercierai jamais assez ceux qui m’ont accueillis, ceux qui se sont confiés à moi. Ceux qui parfois étaient timides ou réticents et ceux qui étaient sincères et spontanés. Des femmes et des hommes ont livrés des souvenirs aussi cruels qu’envoutants. Et toujours, résonnait un cri de douleur : un cri contre une incursion paramilitaire dans un village isolé, contre l’impunité dont jouit un commandant de l’armée, contre une disparition forcée… Le conflit armé colombien structure les souvenirs et les articule les uns avec les autres.
J’espère avoir pu, à travers des textes, des images et des sons, rendre fidèlement hommage à ces souvenirs. Rendre hommage également à ceux que la guerre a volé trop vite et trop brutalement. Mais rendre aussi hommage aux vivants, aux résistants, aux anonymes, à ceux qui ne comprennent pas la violence dont ils sont victimes. Et ceux qui combattent cette violence au prix de leur vie.