Marche du 6 mars contre les crimes d'Etat et crimes paramilitaires
Ce mardi 6
mars, plusieurs milliers de colombiens ont défilé dans les rues des plus
grandes villes du pays. Unis pour rendre hommage aux victimes des crimes d’Etat
et paramilitaires, ils ont également dénoncé la politique de restitution des
terres, mesure phare du président Santos. Le gouvernement, hostile à cette
attaque frontale, a essayé de discréditer le mouvement. Un mouvement impulsé
par de nombreuses organisations de défense des Droits de l’Homme.
De la base de la plus haute tour de Bogotá, s’élève une
clameur grandissante. Une foule d’une centaine de personnes gonfle peu à peu.
Certains fignolent leur banderole colorée alors que d’autres distribuent des
tracts. Quelques policiers déambulent, visiblement satisfaits du calme qui
règne. Des slogans jaillissent, aussitôt suivis de rythmes de percussions. Un
cortège de plus de 1000 personnes se met alors en route le long de la 7ème
avenue.
“Le gouvernement est responsable”
Tous les 6 mars depuis 2008, se tient la journée nationale
des victimes des crimes d’Etat. “Nous
souhaitons dénoncer le conflit armé dans sa totalité” explique le père
Alberto, directeur de la commission justice et paix. “Mais nous dénonçons avant tout les crimes commis par l’Etat et par les
paramilitaires. Ils sont responsables de la grande majorité des violations de
Droits de l’Homme dans ce pays. Des violations entièrement liées à nos
ressources, que convoitent les multinationales,” lâche t-il amèrement.
Cette marche s’oriente également contre la loi de restitution des
terres aux paysans déplacés par le conflit armé. Projet phare très controversé
du gouvernement. Le député Jorge Robledo – parti polo democrático, gauche – parle d’une “farce” : “le président a
restitué 15.000 hectares sur les 160.000 qu’il a promis de redonner aux paysans
avant 2014.” Il conclu, infaillible : “Ce qui est déjà insuffisant, il ne l’accomplira même pas.”
Franklin Castañeda |
Triomphal devant un bouquet de micros, Franklin Castañeda du
comité de soutien aux prisonniers politiques, matraque la politique de Santos :
“on parle de restitution de terre aux
paysans, mais des milliers d’entre eux sont encore expulsés par des entreprises
minières étrangères ; avec l’aval du gouvernement et l’appui de groupes
paramilitaires.” Le porte parole du comité enfonce le clou : “ceux qui se battent pour une réelle
restitution de terre sont constamment menacés par ces groupes paramilitaires,
et par l’Etat lui-même.”
La marche se dirige vers le ministère de l’agriculture. Devant
l’étincelante porte cadenassée du ministère, des dizaines de photos imprègnent
le sol. Des syndicalistes, des leaders de communautés indiennes, des
journalistes, de simples jeunes sans histoire, tous assassinés ou disparus… “Tant de morts dans ce pays !” siffle
un manifestant. Il vient d’une communauté où 19 des siens ont été tués par les
paramilitaires.
Derrière l’imposante entrée, pas l’ombre d’un mouvement.
Une marche peu
appréciée
Devant le ministère |
Malgré la présence massive de journalistes, la marche n’est
que très peu reprise dans la presse. Une manifestation insignifiante qui ne
mérite pas d’écho dans les médias ? Ou une façon de taire les bruyantes
casseroles que traine le gouvernement ? L’opinion des organisations de défense
des Droits de l’Homme est unanime.
Depuis sa création en 2008, cette journée a été totalement
discréditée par les deux gouvernements successifs. “Hier, Santos a annoncé que cette marche était sûrement infiltrée ou
impulsée par les guérillas,” s’irrite Franklin Castañeda. “Si on va dans leur sens, la marche contre
les FARC était impulsée par Salvatore Mancuso ! (Ex-chef
paramilitaire actuellement en prison aux Etats-Unis, ndlr)”. Peu à peu cependant, les crimes d’Etats et paramilitaires font
surface. Les familles des victimes dénoncent publiquement des faits pourtant
tabous il y a quelques mois. “Il est
temps que la Colombie ouvre les yeux” soupire la mère d’un adolescent
assassiné par l’armée. “Un jour, on nous
demandera publiquement pardon, et on condamnera les coupables.”
Un enthousiasme que ne partage pas forcément le gouvernement
de Santos.
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“La violence antisyndicale
est une politique systématique en Colombie”
Entretien avec Luis Alberto Vanegas, secrétaire général de la CUT
Luis Alberto Vanegas |
Liste de tous les syndicalistes assassinés depuis 1986 |
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Promenade sonore
(en espagnol uniquement)
Lien justicia y paz: http://justiciaypazcolombia.com/Fotoreportaje-6-de-marzo-de-2012
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