Mouvement étudiant
colombien : jeudi 10 novembre
Après un
mois de blocage, les étudiants colombiens ont gagné la bataille contre le
gouvernement. Santos a ordonné le retrait de la loi 30 qui implique la
privatisation partielle des universités publiques. Une première pour un
mouvement étudiant. Cependant ce jeudi, ils sont plus de 30.000 à marcher dans
les rues de Bogotá ; venus de tout le pays, ils défilent sous la bannière
de l’unité nationale et de la détermination.
Déluge et capitulation
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“Non à la loi 30” |
Les étudiants de plus de 15 universités s’accaparent les
rues de la capitale colombienne. Certains viennent de Cali, de Medellín et même
de la côte caribéenne. D’autres ont marché depuis le département voisin du
Tolima. Les professeurs, les lycéens, les syndicats ouvriers se joignent aussi au
mouvement.
Malgré le déluge et les torrents qui se déversent dans les
artères de la ville, l’ambiance est festive, joyeuse ; pour cause, le
président Juan Manuel Santos a capitulé face à la pression étudiante. Il a
ordonné le retrait de la reforme de la loi 30. La ministre de l’éducation,
jugée intransigeante, approuve elle aussi, à contre cœur. L’opinion publique a
joué un rôle déterminant : lasse des réformes libérales, elle s’est rangée
du côté des étudiants.
“Le gouvernement a
cédé devant les étudiants”
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“Voici les bombes que nous voulons” |
“C’est un grand jour
pour le mouvement étudiant international.” Se réjouit Luis, l’un des leaders.
“On n’avait quasiment jamais vu un
gouvernement céder devant des étudiants. On espère maintenant que Santos
tiendra ses promesses […] On débloquera les facs une fois que le congrès aura
signé le retrait définitif de la réforme.”
Santos s’incline et compte bien tenir ses promesses. Il redoute
qu’aucun des 550.000 étudiants des universités publiques ne puisse passer les
examens de mi-décembre. Les conséquences seraient désastreuses sur le plan
économique et affecteraient la popularité du président. Il implore donc aux
étudiants de “reprendre les cours et de
ne pas perdre de temps”.
Une unité étudiante latino-américaine
Le fait que Santos ait cédé donne l’avantage aux étudiants.
Ils estiment que le système universitaire est à repenser entièrement, et que le blocage n'est donc pas terminé : “il est grand temps d’aller plus loin que le
retrait de la réforme de la loi 30” soutient Luis. “Nos propositions sont depuis le début les mêmes : une éducation
supérieure publique et gratuite”.
Le système universitaire totalement privatisé à la chilienne
leur pendait au nez. Le dialogue avec Santos permet donc de mettre un frein à
la disparition de l’université publique. Cependant, le président n’est pas prêt
de revenir sur plusieurs décennies d’éducation supérieure payante. Loin de lâcher
le morceau, les étudiants colombiens commencent à s’allier avec les mouvements
chiliens et péruviens. Une unité étudiante latino-américaine peut donc voir le
jour et s’associer avec le mouvement d’indignation mondial.
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Le président Santos derrière l'ESMAD (escadron anti-émeutes) |