San Antonio, municipalité d’Inzá,
département du Cauca
Pour les assassins de l'Anglogold, ceci est un jeu, pour nous un cauchemar! Oui à la vie, non à la mine! http://ecologia-tupajkatari.blogspot.com/ |
En 2005, la
région de San Antonio a été vendue à une multinationale aurifère Sud-africaine.
Les assassinats d’Hortensia et Manuel ont en réalité été perpétrés dans le but d’entrainer
le départ volontaire des habitants. Cependant, l’acharnement de la communauté a
porté ses fruits. Des nombreuses organisations l’ont soutenue et le mégaprojet
minier est aujourd’hui paralysé.
Dans la pénombre d’une petit maison de San Antonio, une
petite assemblée considère avec attention les paroles de Santiago : “derrière l’assassinat d’Hortensia et Manuel,
se dissimule un projet minier de grande envergure…de l’or,” confie le
membre de la commission Justice et Paix.
“Apparemment camarades, vos terres ne vous appartiennent plus. Une
multinationale les aurait déjà achetées.”
Militaires et
multinationale
Fin 2005, la région du nord-Cauca se militarise
considérablement. Officiellement, pour combattre le terrorisme et balayer les
guérillas. Mais selon l’organisation Colectivo
de Abogados, les militaires veillent à ce que personne ne vienne s’opposer
à un mégaprojet minier. Une concession de plus de 7.000 hectares vient d’être
attribué à la multinationale Anglogold
Ashanti. La société minière sud-africaine, troisième producteur mondial
d’or, convoite depuis peu le marché aurifère colombien.
Mais plusieurs communautés, dont San Antonio, trônent sur un
trésor dont elles ignorent l’existence. L’Anglogold
se doute qu’elles ne monnayeront pas leurs terres contre quelconque
dédommagement. Dans tout le pays, de nombreuses multinationales minières et
agricoles se sont confrontées à des résistances acharnées. Seul un climat de
terreur peut susciter l’exil. Et justement, un bataillon est sous les ordres de
l’Angloglod.
Cynique méthode
En janvier 2006, Hortensia et Manuel sont exécutés par le
bataillon Cacique Pigoanza. Un procédé radical pour entraîner le départ
volontaire des habitants. Basilio, représentant communal de San Antonio,
décrypte ces assassinats : “les
militaires les ont fait passer pour des guérilleros pour qu’on accuse le
village entier d’être infiltré par la guérilla. Ainsi en cas de révolte, notre
mouvement serait totalement discrédité”.
Cette cynique méthode n’a pourtant pas porté ses fruits. Les
habitants ont refusé de partir et ont ouvertement dénoncé les exactions des
militaires. Et malgré les accusations de complicité avec la guérilla et les
nombreuses menaces, l’exploitation minière est aujourd’hui paralysée. Santiago
interprète : “la communauté a fait
tellement parler d’elle que de nombreuses organisations nationales et
internationales l’ont soutenue. Si elle ne s’était pas révoltée, il y aurait
des dizaines de morts et un énorme trou juste ici,” sourit-il le regard fixé
sur les montagnes.
L’Anglogold renoncera
t-elle à l’exploitation de San Antonio ? Pour mener à bien leur entreprise, les
multinationales implantées en Colombie font preuve d’une imagination débordante
et sanguinaire.