lundi 23 avril 2012

Mobilisation peu convaincante de l’électorat français en Colombie

Élections présidentielles françaises

Dans le bureau de vote de l'ambassade française de Colombie (au centre, le consul)

A voté !”
Dans l’ambassade française de Bogotá, la célèbre formule résonne avant l’heure. Les 3300 électeurs de Colombie sont appelés à se rendre aux urnes la veille du scrutin en métropole. Sébastien Jondot, consul de France, éclaire cette anticipation : “c’est une façon d’éviter la démobilisation des électeurs. Les dernières élections présidentielles se sont déroulées le dimanche et certains ont été dissuadés par les résultats.”

L’ambassade est cependant bien calme ce matin. L’assesseure évalue le nombre de signatures sur son registre : “je dirais 10%, mais il est encore tôt.” L’isoloir se libère. Un homme glisse une enveloppe bleue dans l’urne transparente. D’un rapide coup d’œil, l’assesseure compte “une centaine de bulletins”.
Le consul déplore le taux d’abstention de 2007 : “de 59% à peu près. Les gens se sentent loin de la France.” L’ambassade a donc fait de gros efforts en matière de communication pour mobiliser les électeurs. Mais le seul bureau de vote du pays se trouve à Bogotá. “Les électeurs de province doivent se déplacer ou voter par procuration.” Le diplomate est toutefois confiant quant à la hausse de la participation.

Un électorat négligé
Alors que les français établis à l’étranger représentent plus d’un million de votes, les candidats ont plutôt négligé cette catégorie d’électeurs. Jean, franco-colombien, regrette ce désintérêt : “je vote car je me sens citoyen. Mais je n’ai vu aucune proposition qui concernait les expatriés.”
Daphné, face au panneau électoral de l'ambassade
Maritza a obtenu la nationalité française il y a 30 ans. Elle a, quant à elle, bien lu les propositions de Nicolas Sarkozy. En ce qui concerne la dernière, dans laquelle il souhaite prendre en charge la scolarité des enfants d’expatriés, Maritza lève les yeux au ciel : “il est désespéré et gratte des voix à l’étranger”. Elle vient de voter François Hollande. “Il est temps que ça change. Sarkozy a diffusé une image désastreuse de la France à l’étranger.”
Mariée à un colombien et mère d’une petite fille, Daphné s’inquiète des discours de la droite en matière d’immigration : “j’ai reçu ce matin la vidéo de Lepen sur ma boite mail. Entre elle qui veut interdire les regroupements familiaux et Sarkozy qui voulait supprimer la double nationalité, ma famille ne pourra jamais venir en France !” Elle tranche pour Jean-Luc Mélenchon en espérant bien le voir au second tour.

Cependant, les résultats affichés le dimanche traduisent un certain scepticisme. L’abstention bat les records pour atteindre presque 70%.
Le discours des candidats, largement axé sur la politique intérieure, ne semble pas concerner les expatriés. Le second tour mobilisera peut-être plus les électeurs.

Publication Rue89
Publication Amérique24